Grands livres
« A l’heure actuelle, il ne s’imprime plus guère de livres à l’Imprimerie Union. Nous faisons encore quelques livres d’art, de temps à autre, mais le plus clair de notre temps est consacré aux travaux publicitaires. Cela dit, pour mon plaisir personnel, il m’arrive d’imprimer ce que je considère comme des "grands livres", c’est-à-dire des ouvrages composés à la main, avec des estampes originales, sur beau papier, etc. C’est effectivement dans ce cas, la rencontre d’un typographe avec un grand auteur, un grand artiste, un public de connaisseurs ». Louis Barnier 1.
L’Imprimerie Union réalise durant sa carrière la production luxueuse de nombreux éditeurs d’art et de littérature, s’occupant plus spécifiquement de la partie typographique des ouvrages et du travail de mise en pages – définie en ces termes par Louis Barnier : « … j’appelle mise en pages non seulement le choix du caractère et du corps, la définition de la justification, le calcul de la hauteur du bloc typographique et de ses marges, la répartition des textes et des illustrations, auxquels on la réduit le plus souvent, mais plus largement toute la démarche créatrice, qui de choix en refus, de décisions en renoncements, de positions en propositions aboutit à sa fin dernière : le livre imprimé »2. Et c’est à ce titre que l’entreprise va acquérir une reconnaissance générale des milieux du livre.
René Char, de Pierre-André Benoît, d’André du Bouchet et de Pierre Bettencourt, illustrent de manière significative ces préoccupations partagées dans le même instant entre le client et son imprimeur.
Les courriers deCertains éditeurs travaillaient avec leurs propres imprimeurs d’art : Louis Broder avec Visat, Lucien Scheler avec Georges Leblanc, la maison d’édition Au Vent d’Arles avec Crommelynck et Daniel Jacomet ; parmi les autres imprimeurs s’occupant de livres d’art, citons aussi Pierre Chave, et les ateliers Lacourière. Nous noterons tout de même que sans être pour autant une imprimerie d’art à part entière, l’Imprimerie Union n’en propose pas moins à certains moments de son activité, des possibilités et des solutions techniques et graphiques originales comme avec Claude Givaudan. Des bois étaient à l’occasion tirés à l’imprimerie ; nous connaissons ceux de Frans Masereel pour l’édition de Pierre Vorms des Fleurs du mal de 1977, ainsi que les bois d’Iliazd pour Rahel, Poésie de mots inconnus, et Poèmes et bois. A partir des années soixante-dix, l’offset développé à l’Imprimerie Union est utilisé pour des créations de luxe.
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Reliure/Brochure/Dorure, n°41, Mai 1973, p. 16. Paroles prononcées à l’occasion d’une table-ronde réunissant divers spécialistes de l’édition, organisée par l’Association des écrivains cheminots et le cercle littéraire Etienne-Cattin.
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Bulletin du bibliophile, II, 1974, texte de Louis Barnier, Hommage à Iliazd.