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Imprimerie Union

Jean-Michel Davaine

Témoignage recueilli en mars 2013.

"Je suis sorti de l'école du livre de la rue madame en 1974 avec mon CAP typo .

Vers la fin des années 70, j'ai été en intérim à Union, je ne me rappelle pas beaucoup de cette période, je sais que Pascal Baudic n'était pas encore dans l'entreprise, mais Joël [Lepelletier], Claude polar y étaient. je me souviens d'imprimer sur l'Ofmi La délirante entre autres. Joël m'avait bien dit que les travaux devaient être impeccables, je lui montrais toujours une feuille avant de rouler, il me faisait plutôt confiance car il n'était pas sans cesse derrière moi. J'ai dû rester environ un mois.

J'y suis retourné ensuite plusieurs fois en 83 et 84. 

A cette époque, je voulais apprendre l'offset car je savais qu'en typo j'aurai du mal à faire carrière.

A Union, bien sûr j'étais en typo. Je travaillais toujours sur l'Ofmi, mais aussi sur la cylindre grala et le summum, sur la consul !

De cette période, j'ai d'avantage de souvenirs. Je travaillais toujours beaucoup pour La délirante, Fouad el etr venait assez souvent pour voir ses calages. Ce qui était plaisant, c'était que non seulement je réalisais l'impression mais aussi que je faisais l'imposition des pages. Nous n'étions jamais pressés chez Union, mais le travail devait être irréprochable. Je regardais bien sûr Claude Polar travailler; Pascal Baudic était son marjeur, nous nous entendions assez bien. Il y avait régulièrement des clients qui venaient assister au calage. 

Le texte du livre Churchill d'Angleterre a été réalisé sur la consul, machine typo grand format. 80x110, je crois. Joël avait mis un marjeur avec moi et j'étais plutôt gêné. Les pages étaient réalisées je ne sais pas où mais c'était des caractères neufs qui venaient sans doute d'une fonderie. Autant dire que la première feuille était pratiquement bonne, mais il fallait faire de la mise pour égaliser le foulage ! Je n'avais plus travaillé comme ça depuis l'école! le papier ne devait pas être gâché car il était cher. 

Je me rappelle aussi que sur un portfolio de Enki Bilal, Die mauer, qui avait été réalisé en offset, j'avais dû repasser un jus, c'est à dire une couleur pratiquement transparente, un gris extrêmement léger, peut-être un peu teinté.

Il y avait aussi des travaux plus pénibles, je me rappelle particulièrement un papier très fin presque transparent,  un travail par rapport à la pharmacie je crois et j'avais un mal fou à faire passer ce papier en machine. C'était sur la Frankenthal grala. 

L'ambiance en bas était conviviale, les travaux étaient de grande qualité mais nous n'étions pas des artistes ni même des grands amateurs d'art. Le mot qui revenait souvent était "LUXE" avec une pointe d'ironie. Le traité de jocondoclastie par exemple faisait plutôt rire parmi les ouvriers.

Petite anecdote aussi lorsqu'il fallait monter à l'étage à la typo, l'ouvrier était sourd et souvent en train de dormir, il fallait marcher lourdement sur le plancher pour le réveiller.

En fait ils recherchaient à embaucher un conducteur typo, je me rappelle Claude Polar me disant demander tant de l'heure ; ils en trouvent pas des bons; demande un bon salaire t'auras la place! J'ai demandé et ils ont trouvé un autre conducteur moins cher qui, je l'ai appris plus tard n'avait pas fait l'affaire. J'en ai voulu quelques temps à Claude mais même si j'avais été embauché, mon avenir était tout de même bouché en restant chez Union.

Donc après être parti, j'ai eu une mission interim sur la même machine que Claude, une Rolland deux couleurs; je l'avais bien observé et je l'avais souvent questionné sur son travail, aussi je me sentais capable de conduire la machine. J'ai donc travaillé une matinée et on m'a demandé de ne pas revenir.

J'ai été embauché plus tard en 1985 chez Mendiboure ou je suis resté jusqu'à la fin en 2001.

J'avais revu Fouad dans les années 90, il faisait imprimer  La délirante à l'Imprimerie ukrainienne, rue du sabot. Je doute qu'elle existe encore, il m'avait dédicacé un ouvrage ce jour-là. 

Voilà pour les souvenirs, il y avait aussi Michel Prelon qui travaillait sur une Rolland mono avec un marjeur, chose impensable maintenant, pour info je suis seul sur une 4 couleurs 72x102 avec vernis."